Ceux qui croient en l'Afrique prendront le train. Pas l'avion, ni le bateau pour l'autre côté de l'océan, l'Europe. Amoureuse du continent noir sans être béate, Eliane de Latour n'a pas son pareil en France pour raconter la modernité de l'Afrique, débarrassée des clichés ou d'un afro-pessimisme douillet. Huit ans après Bronx-Barbès, où elle livrait un film dur et marquant sur la jungle urbaine d'Abidjan, Eliane de Latour s'attaque à un autre sujet difficile : celui de ces jeunes qui tentent de rallier l'Europe, en quête de réussite sociale, mais aussi sous la pression de leurs familles.
Dans un film débridé, pour ne pas dire décousu, elle raconte l'odyssée de deux copains partis d'Abidjan. L'un, Otho, sera promptement renvoyé chez lui, après un contrôle policier musclé en Espagne. L'autre, Shad, incarné par le magnétique Fraser James, poursuivra sa route jusqu'à Paris, avant de revenir sur les bords de la lagune Ebrié, en Côte d'Ivoire, paré de l'aura de celui qui «rentre au pays fringué tel un prince des temps modernes».
On sent bien à quel point Eliane de Latour tient à ce film, et quel investissement politique et sentimental elle y a mis. Du coup, elle en fait sans doute trop. Et l’on sort quelque peu groggy des péripéties qui émaillent le voyage de Shad en Europe. Les scènes les plus incontestablement réussies se déroulent sur le sol ivoirien. Les dialogues, qui restituent la verve des Abidjanais, sont un régal. La réalisatrice touche juste : dans une soc