Il y a une scène stupéfiante dans Public Enemies. Qui va au-delà du savoir-faire incontestable de Michael Mann (qui en fait aujourd'hui quelque chose comme un cinéaste à la limite de l'expérimental, modifiant génétiquement le cinéma mainstream de l'intérieur). Une scène qui intervient tard, alors que les carottes commencent à sentir la vapeur pour John Dillinger, braqueur de banques et dandy. L'homme le plus recherché des Etats-Unis se rend, comme ça, pour voir, dans un commissariat en bordure de Chicago. Il fait le tour du propriétaire et lit sur les murs les avis de recherche. La plupart le concernent. Pour des motifs variables : évasions multiples, braquages de banques en réunion, effusion de sang. Le résumé quasi exhaustif d'une vie hors la loi, d'une vie ennemie.
Mythologie.Dillinger est la peste tombée sur la jeune démocratie capitaliste américaine. Il est le cafard que J. Edgar Hoover a décidé d'exterminer. Bientôt, Hoover lancera la chasse aux sorcières. Mais pour l'instant, c'est Dillinger qu'il lui faut voir tomber. Et il a fait imprimer son portrait sur les murs de tous les commissariats. Que chaque flic l'ait en tête. Et c'est pourtant le même Dillinger qui se tient là, comme dans un rêve. Dillinger qui contemple sa propre mythologie, et personne pour y prêter attention. Les gars sont massés autour d'une radio, suivant la retransmission d'un match. Dillinger les interrompt pour leur demander le score, salue la performance. S'en v