Xavier Dolan vient d'avoir 20 ans et il est assez convaincu que c'est «le plus bel âge de la vie». Ce garçon à l'air encore adolescent - Slimmy pour la mèche, Prince pour la taille et les lunettes de Wenders - était il y a encore trois mois «un nobody», comme il dit dans son français du Québec mâtiné d'anglicismes. Puis tout est allé vite. Son film, autoproduit et à peine sorti de la table de montage, est sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs. A Cannes, il loupe la Caméra d'or mais rafle l'Art Cinema Award, le prix de la SACD et le «Regards Jeunes 2009».
Arty. Un premier film à 20 ans, c'est rare mais pas unique. «Samira Makhmalbaf était plus jeune», cite le jeune homme qui connaît visiblement sur le bout des doigts les sélections et les palmarès. Le jeune est peut-être sorti de nulle part mais il sait où il veut aller. Plus que ses poses arty un rien affectées, c'est la façon dont il a mené à bien son projet qui intéresse. A l'origine de J'ai tué ma mère, il y a une petite nouvelle écrite à 17 ans, le Matricide, à l'instigation d'une prof de français «un peu marginale». A l'automne 2007, Dolan intègre la fac d'arts et lettres, option cinéma et communication. Déception. «J'ai senti que ma créativité était castrée. Tout était nivelé par le bas. Je n'étais pas entré là pour étudier la poésie québécoise sur la beauté des champs de maïs.» Au bout de quelques semaines, il «déserte» l'u