Variante pas drôle du Putain de camion, un lampadaire parisien a, par un sournois destin, requalifié Adieu Gary en Adieu Yasmine (lire ci-contre). Dès lors, à compter d'aujourd'hui même, jour de sortie en salles, il ne sera plus possible de regarder le premier long métrage de fiction de Nassim Amaouche sans une sévère pointe de tristesse.
Cependant, si Adieu Gary est bien un film puissamment mélancolique, il en sourd une forme d'espoir, certes ténu, mais tout à fait réel, tel qu'incarné par Yasmine Belmadi, donc, mais aussi la plupart des protagonistes de cette chronique fragile, qui a l'élégance de ne jamais se perdre en circonvolutions.
No man's land. Le ton est donné dès la première scène, à la fois cocasse et elliptique, qui synthétise un propos où les failles sociales, idéologiques, culturelles et économiques seront toujours plus suggérées qu'assenées. Au milieu de nulle part, une voiture glisse sur des rails et s'enfonce dans la campagne environnante. A bord, deux frères dont un, on le sait sans en connaître les détails, sort d'un séjour forcé à l'ombre. Le mot prison n'est pas prononcé. Il dit «là-bas» et cela suffit amplement. Et le moyen de locomotion, si singulier, par quel truchement a-t-il ainsi été mis en service ? On ne le saura pas, tout juste croisera-t-on, le temps d'une ou deux scènes, une sorte de mécanicien-carrossier forcément impliqué dans l'installation. Ainsi, tout du long, Nassim Amaouche va