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Libération
Interview

«J’aime filmer sur les lieux mêmes, je n’aime pas tricher»

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Elia Suleiman revient sur l’écriture et la réalisation de son troisième long métrage :
publié le 12 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 12 août 2009 à 6h51)

Elia Suleiman est né à Nazareth en 1960. On a beaucoup parlé de Buster Keaton à son égard. Imaginez Keaton prisonnier d’un script adapté de Kafka et tourné dans un point du monde brouillé et occupé dont plus personne ne sait avec certitude dire le nom. Mais où sommes-nous ? Pour l’heure, dans un café à Nazareth.

Comment s’est passée votre arrivée ?

Hier, j'ai cru ne jamais arriver à Ramallah. J'ai pris des routes que je n'avais plus prises depuis quinze ans. A cette époque, j'avais une voiture grise, et cette couleur était celle des gangs. La police me coursait sans arrêt. Mais, hier, ce n'était pas un check-point habituel. Ils cherchaient des explosifs. Je leur ai demandé ce qui se passerait si j'avais du haschich sur moi. Ils m'ont répondu : «Oh ça, on s'en fout…»

Quel passeport avez-vous ?

Un passeport hollandais, qui me permet de voyager et grâce auquel je peux aller à Paris, où je vis désormais, et un passeport délivré par les autorités israéliennes et que je dois présenter ici. Après Intervention divine, ils en avaient vraiment après moi. Ils m'ont arrêté une fois à l'aéroport en prétendant qu'ils avaient des informations selon lesquelles je faisais entrer de la drogue en territoire israélien. C'était faux. Après ça, ils ont chargé ma compagnie de production d'une taxe de 500 000 shekels [91 500 euros, ndlr] pour impôts non honorés. J'avais fermé cette boîte de prod il y a dix ans, dans les règles ; ils l'ont rouverte et exigé des arriérés d'impôts sur dix ans. J'ai pu prouver la manipulation. Ils m'ont men