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Critique

«Partir» ou les déboires d’une femme rangée

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Cornes. Déliquescence du couple, passion extraconjugale : une vision trop frontale de Catherine Corsini, qui vaut pour les acteurs.
publié le 12 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 12 août 2009 à 6h52)

Une femme se lève furtivement et quitte le lit où un homme dormait à ses côtés. La scène pourrait être ordinaire, alors qu'au contraire elle condense tout le désastre qui sera posément exposé. «La vraie passion est toujours de l'ordre de la tragédie, observe la cinéaste Catherine Corsini, parce qu'elle porte aussi bien en elle une part d'égoïsme, voire de cruauté et d'aveuglement, et qu'elle nie le monde - qui, parfois, le lui fait payer… Je voulais créer une tension pour qu'immédiatement on sente qu'on irait au bout de la passion, avec tout ce que ça sous-entend de fort, de beau, d'inéluctable, de tragique.»

Suzerain. De fait, Partir ne s'embarrasse pas d'arabesques pour détailler le mécanisme pulsionnel du désir et, en corollaire, la mise en application implacable de la vengeance. Cette façon d'avancer à découvert constitue sans doute la caractéristique essentielle du film, mais aussi sa limite. Trois personnages en forment le triangle amoureux conventionnel du mari, de la femme et de son amant. Le premier (Yvan Attal, meilleur qu'à l'accoutumée) est un notable de province, sûr de cette supériorité économique et sociale qui le fait ressembler à un suzerain en costume bien coupé. Il finance son épouse, qui souhaite retrouver la vie active, tout en lui balançant : «T'as pas travaillé pendant quinze ans, tu peux attendre un mois de plus.» Sur ce, un baiser machinal, au boulot et à ce soir, pour retrouver le confort bourgeoi