Menu
Libération
Reportage

Suleiman céleste

Article réservé aux abonnés
Galilée. Des lieux de tournage nazaréens à une projection à Ramallah, «Libération» a remonté «le Temps qu’il reste».
publié le 12 août 2009 à 6h51
(mis à jour le 12 août 2009 à 6h51)

Le café Rida siège en plein Nazareth. Sa terrasse est minuscule (à l'inverse de la nourriture, immense), deux tables qui se battent en duel. Mais au train où vont les choses, il n'est pas impossible qu'un jour de drôles de pèlerins oublient l'église Saint-Joseph pour préférer se rendre à Nazareth se recueillir à la terrasse du Rida à la gloire d'Elia Suleiman qui en a fait le poste avancé de son dernier et beau film, le Temps qu'il reste. On verra et entendra les pèlerins cinéphiles siffler le thème du Bon, la Brute et le Truand, guetter de l'œil la venue d'un vendeur de journaux qui n'a plus que des gratuits à proposer. Et singer à l'infini l'ahurissement qui tient lieu de réaction aux personnages assommés, historiquement et intimement, qui peuplent le film. Dans une sorte de devenir palestinien soudain, on les verra se serrer par trois, les pèlerins, regarder le temps qui passe. Sinon mesurer le temps qui reste. Temps mauvais (les défaites), gros temps (les orages), bon vieux temps (la photo d'un mari sur le balcon, les filles), temps perdu (avec le reste) : la mélancolie n'oublie rien, quand la nostalgie au contraire fait tout de suite le tri pour ne garder que le bon. Le Temps qu'il reste est un film mélancolique. Et en colère. Sa position est celle du cinéaste sifflet coupé, castré, sans parole, assis à la terrasse du Rida - bon an mal an.

Zébulon. Les pèlerins cinéphiles assis à leur tour au Rida feront sans doute cette consta