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Libération
Interview

«Mon film parle de gens qu’on ne connaît pas»

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publié le 26 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 26 août 2009 à 6h52)

En pleine promotion de son film, Jacques Audiard (57 ans et cinq films à son actif) est plus nerveux que fatigué.

Vous enchaînez les entretiens. Que veulent savoir les journalistes en priorité ?

On me jette au visage des références, principalement américaines. Comme si l'outil d'évaluation du cinéma en général, c'était le cinéma américain. Or, le cinéma américain n'a jamais été aussi peu pertinent qu'aujourd'hui. Ces cinq dernières années, les films qui m'ont remué sont japonais ou coréens, ou encore danois comme Morse, un petit film extraordinaire. La référence n'est pas tant Hollywood que les séries télés, dont le culte peut conduire au bord de la sénilité. On peut parler de chloroforme idéologique. Il y a un rapport avec l'histoire du cinéma, ce qu'on appelait la cinéphilie, qui est mort. Très modestement et très immodestement, je crois que le cinéma doit proposer de nouveaux modèles et de nouvelles formes. J'étais inquiet d'en finir avec mes films précédents par crainte de m'installer dans la répétition, l'académisme. Ce truc simple et basique qui s'appelle le cinéma est là pour filmer ce qui se passe sous nos yeux, dans la rue ou ailleurs. Le succès de mon film précédent, De battre, mon cœur s'est arrêté, m'a permis d'entreprendre un film un peu coûteux qui parle de gens qu'on ne connaît pas, les gens qui sont en prison.

En ressuscitant sur la forme un procédé d’ouverture et de fermeture des images «à l’ancienne» ?

Quand j'étais môme, j'avais une caméra super 8 qui n'avait pas d'obturateur variable, donc je mettais ma main sur l'objectif et crac ! Norman McLaren et de Kenneth Anger étaient mes phares. Je filmais des films à la