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Libération
Critique

Prison à vif

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Plongée angoissante dans l’univers carcéral, avec «Un prophète» de Jacques Audiard.
Tahar Rahim, acteur principal de «Un prophète». (Photo DR)
publié le 26 août 2009 à 6h52
(mis à jour le 9 octobre 2012 à 19h01)

Vu le battage entourant la sortie événement du nouveau film de Jacques Audiard, grand prix du jury à Cannes, plus personne n’ignore qu’il se déroule en prison et que son héros est un jeune taulard tout frais débarqué en centrale pour y purger six ans de peine.

Si de nombreux films n'ont guère plus à offrir que ce qu'en révèle le pitch, les bandes-annonces et les lambeaux de critiques accrochés aux cintres du plan marketing, Un prophète échappe à la règle décourageante de cet avortement des œuvres avant naissance publique. Audiard tourne peu, il macère longuement dans ses projets jusqu'au dégoût, jusqu'à la transe. C'est sans doute ainsi qu'il fabrique l'énergie implacable qui fait sursauter chaque séquence de son film pendant deux heures trente.

Quand il pénètre dans l’outre-monde de la prison, Malik El Djebena, 19 ans, claque des dents. Nous aussi. A la fin, on a les gencives qui saignent et plus assez de mains pour compter le nombre de coups donnés et reçus, le nombre de morts et de revirements du destin que le scénario a compressé comme un dingue dans l’espace contraint du polar carcéral.

Pour schématiser, Un prophète peut se découper en deux actes : la sujétion de Malik au tyran corse César Luciani, puis son affranchissement et son ascension tactique comme nouveau parrain du milieu musulman. Car Malik, arabe, non-pratiquant (il mange du porc), se retrouve dans le clan corse par une cooptation liminaire et démoniaque (pour eux, il doit tuer Reyeb, un «f