Fiction fiévreuse, Un prophète est aussi le résultat d'un intense travail de documentation sur le quotidien carcéral.
Erick Aouchar
conseiller technique et directeur du service insertion et de probation pénitentiaire (Spip)
«Lorsqu’un ami m’a proposé de travailler sur le projet, j’ignorais qu’il s’agissait d’un film de Jacques Audiard. J’avais déjà conseillé des réalisateurs, essentiellement pour des documentaires beaucoup plus confidentiels. J’ai présenté un topo à l’équipe du film afin de leur faire part de ma vision et de mon expérience de la prison. Dans ce domaine, assumer sa subjectivité est nécessaire. J’ai ensuite participé à la relecture des scénarios successifs afin d’apporter mon avis technique, mais aussi personnel sur la vraisemblance du film. Jacques Audiard a pris en compte certaines observations, notamment sur le fonctionnement interne des prisons ou le déroulement des fouilles, par exemple. Il a également choisi de prendre certaines distances car, malgré un souci de crédibilité et une rigueur impressionnante, le film n’en reste pas moins une fiction. L’organisation de la prison en clans - malfrats corses d’un côté, islamistes de l’autre - correspond, à mon sens, à une exagération de la réalité dans la mesure où les responsables pénitentiaires évitent autant que possible une telle concentration. Pour autant, on ne peut pas reprocher à Jacques Audiard de déformer le réel car son but n’est pas de reproduire à l’identique l’univers carcéral mais d’offrir u