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Libération

Hélène Fillières, la loi du désir

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L’héroïne de la série Mafiosa sera, à la rentrée au générique du premier long-métrage d’Emmanuel Salinger. Mais cette actrice exigeante qui nourrit ses rôles de ses angoisses et du regard des metteurs en scène peut aussi promener un gorille, en plein Paris, pour le plaisir.
publié le 29 août 2009 à 17h39
(mis à jour le 22 octobre 2009 à 17h58)

«Je suis contente de vieillir.» Elles ne sont pas nombreuses les actrices françaises à prononcer ces mots d'une voix tranquille. Hélène Fillières est un cas à part, ce qui devrait être la définition de toutes les actrices. Cela fait plus de quinze ans qu'on croise, dans des petits ou des grands rôles, sa longue silhouette, ses yeux noirs et cette façon nerveuse qu'elle a d'allumer ses cigarettes et d'en expirer la fumée comme si c'était la dernière bouffée.

Elle appartient à ces actrices dont les apparitions - fugaces ou pas - s'additionnent dans la mémoire et s'y logent pour longtemps. Il y a ce ton faussement détaché quand elle parle à l'écran, cette manière simple qu'elle avait dans Aïe de prononcer une des plus belles premières phrases qu'on ait entendu au cinéma: «Bonjour, je cherche quelqu'un qui pourrait tomber amoureux de moi.»

La première phrase de cet entretien sera : «Bonjour, je crois que nous avons rendez-vous...» On l'a cataloguée comme actrice de films d'auteurs - même s'il n'est pas sûr que l'expression ait encore un sens - mais son magnétisme fonctionne idéalement dans une série télé diffusée sur Canal+, Mafiosa. Hélène Fillières en Sandra Paoli, femme et chef de clan chez les voyous corses: l'idée était inconcevable et c'est pour cela qu'elle fonctionne. «Ce rôle, dit-elle, parle de la non-évidence du pouvoir de la femme dans un milieu hypermasculin. Elle doit dominer les hommes et cette domination la rend inaccessible.