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Libération
Critique

Garçons brûlants et chambre froide

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Péché. «Tu n’aimeras point», premier film israélien sur une relation homo chez les ultraorthodoxes.
publié le 2 septembre 2009 à 6h52
(mis à jour le 2 septembre 2009 à 6h52)

Sodome à Méa Shéarim, Théorème chez les ultraorthodoxes. Il fallait y penser. Décidément, Israël est un drôle de pays et il se passe de drôles de choses dans son cinéma. Tu n'aimeras point est le premier film de Haim Tabakman et l'on n'imagine a priori pas ce trentenaire, à la dégaine de surfeur ou d'étudiant arty en cinéma, s'illustrer dans une impossible histoire d'amour homosexuelle chez les haredim de Jérusalem. Haredim ? Les «craignant-Dieu» ou les hommes en noir, vêtus de chapeaux à bords larges, de chemises blanches, de redingotes et de tephilim. Toute leur vie est régie par la loi divine. Ils vivent hors du temps, ou plutôt dans un autre monde.

Aaron est boucher. Il vient de perdre son père et a repris la boutique familiale. Un homme déjà honorable, marié, quatre enfants, sombre et taciturne. Ezry est un jeune homme perdu et inquiet, au teint trop pâle, aux traits trop fins et aux lèvres trop sensuelles, sans logis ni famille, sans yeshiva. Il a été renvoyé de son école talmudique. Un jour de pluie, Ezry entre dans l'échoppe d'Aaron, qui l'embauche et l'héberge. La suite est entre Théorème et Nettoyage à sec, ou comment un jeune homme détraque les sens, une famille et l'ordre établi en exerçant un irrésistible attrait sur son aîné et patron. Au fur et à mesure qu'Aaron se laisse aller à aimer Ezry, dans un mélange de culpabilité et de jouissance, le quartier murmure.

Brigades. Méa Shéarim est un village pauv