Michael Moore est cet animal médiatique que les rédactions en chef adorent (parce qu'il arrive à se faire entendre de tous) et qui encombre les critiques de cinéma (qui trouvent en général qu'en bon populiste, il ne donne que ce que nous voulons entendre). Capitalism : a Love Story, son voyage au pays du credit crunch, n'est pas son film le plus inspiré. Question méthode, c'est même pire que d'habitude. Pour l'exemple, la scène d'une femme mise à la rue par les banques, pleurant en racontant ses déboires avec, derrière la caméra, un Michael Moore qui lui dit «I'm so sorry» tout en faisant un zoom sur son visage éploré.
Ces méthodes d’éléphant sans morale mises à part, le film est du bon côté de la gueulante. Mais il colle mal à la roue de l’actualité. Monté au fur et à mesure de l’année, il ne fait souvent que radoter ce que les différents journaux de la planète ont expliqué en mieux depuis septembre 2008.
Quand Moore a commencé son film, sa cible était l’administration Bush. Comme il se vit en sauveur de l’Amérique, il faut attendre une heure et trente-six minutes pour que Moore daigne parler de celui qui est, dans le fond, son plus dangereux rival, Barack Obama. Comme dans toutes les grandes histoires d’amour-haine, Moore est peut-être tombé avec Bush : dans la dernière partie, il avoue ne plus trouver ses actions ni très drôles ni très efficaces, et appelle les spectateurs à prendre le relais (mais c’est ce qu’ils ont fait en votant, non