Paranoïaque, bipolaire, drogué et dépressif : voilà à quoi ressemble l’autoportrait du cinéma américain tel qu’il se dessine sous les fictions présentées à Deauville. Quatre films expriment mieux que les autres ce sentiment d’une nation autrefois impériale mais qui a beaucoup perdu de sa superbe confiance en soi depuis les événements du 11 septembre 2001, ses guerres consécutives puis la crise du capitalisme, venue porter une sorte de coup de grâce à un modèle autrefois triomphant.
Le meilleur est sans doute celui de Steven Soderbergh, The Informant, dernière production de la société Section 8, fondée par le cinéaste (en compagnie de George Clooney) et dont il a annoncé l'arrêt. Dans le rôle-titre, Matt Damon offre une interprétation éblouissante du personnage de Witacre, cadre d'une multinationale de l'agroalimentaire qui dénonce au FBI les pratiques illicites de sa hiérarchie. Faux Zorro, vrai mytho, l'énergumène a vraiment existé et a fait l'objet d'un livre fameux aux Etats-Unis, dont The Informant est adapté. Sincère et manipulateur, idéaliste et menteur, il est un précipité du héros all american, vices et vertus confondus. Enlevée, légère, la mise en scène de Soderbergh est un antidote à l'âpreté de son thème.
Pervers. Ce registre doux-amer est également celui de The World's Greatest Dad de Bob Goldthwait, comédie morbide où Robin Williams, dans le rôle de Lance Clayton, tient sa meilleure interprétation depui