Il y a plus de trente ans, Mario Monicelli (qui va gaiement vers ses 94 ans) écrivait une sorte de testament de la comédie italienne. C'était Mes chers amis, chronique hilarante à l'arrière-goût amer à propos d'une bande de quinquagénaires incapables d'arrêter leurs bêtises de gamins. Ainsi, une scène d'anthologie montrait la fine équipe sur un quai de gare en train de gifler à la volée les passagers d'un train au départ penchés à la portière de leur wagon. Les torgnolés écumaient de rage sans pouvoir descendre du train tandis que les vieux crétins, hilares, s'enfuyaient en lâchant des obscénités.
Toutes proportions gardées, Lynn Shelton s'est livrée à un exercice comparable avec ce Humpday, réalisant un film poilant et âpre, répondant à toutes les caractéristiques du cinéma indépendant américain, comme pour mieux en signifier la quasi-extinction. Au passage, la réalisatrice écorche sans ménagement une génération entière (la sienne) qui, à force de rêver à un monde meilleur, a laissé à d'autres, probablement moins qualifiés, le soin de le bâtir.
Harpies. L'affaire démarre avec Andrew (Joshua Leonard), sympathique barbu fauché et sans-gêne, débarquant avec son sac à dos chez son vieux copain de fac Ben (Mark Duplass). On devine que ces deux-là ont fait les quatre cents coups, se racontant des nuits entières quels grands hommes ils n'allaient pas manquer de devenir. Sauf que les années ont produit leur effet et que le débarquement d'Andrew fait