Violent Days est un film qui joue à contretemps. Ses héros, des garçons et des filles désœuvrés appartenant à différentes tribus de la sphère rockabilly, vivent en circuit fermé dans une époque et un pays quasi imaginaire (l'Amérique fantasmée des fifties : bubblegum et creepers), qui n'est pas la leur. Violent Days pourtant se sert d'eux pour ausculter une France qui n'a plus droit à l'image depuis longtemps : le prolétariat, le monde ouvrier, les mecs qui sont caristes en usine ou qui bossent au garage ou à la boulange.
Ils ont 30 piges et dire, comme pour s’en débarrasser, qu’ils écoutent la musique de leurs parents ne suffit pas. Si leur imaginaire est le décalque de celui de leurs aînés, c’est aussi parce que rien, de leur situation sociale, n’a évolué depuis les années 50. Globalisation, ascension hégémonique des CSP+, consumérisme à tous crins, matérialisme préadolescent, bobolandisation du monde, pouvoir des réseaux sociaux, rien de ces maux contemporains n’a eu de prise sur eux. Ils opposent à ça une vie d’un bloc : usine la semaine, ennui partout, virée baston le samedi soir, un jour une femme et deux gosses, un pavillon pour les plus valeureux.
Pin-up. Il y a un mot qui arrive tôt sur le tapis du film et qui va lui coller au train comme un chewing-gum : fatalité. Ce n'est même plus le «no future» brandi par les punks, c'est une sorte de poisse qui condamne tout espoir d'avance. Il n'y a pas d'horizon. Seule échappatoire : la musiqu