La polémique cette fois n'a pas eu lieu. Ou si peu. Le Parti communiste français n'est plus qu'une composante marginale de la gauche et l'Union soviétique s'est effondrée. Il y a d'autant moins matière à s'entre-déchirer sur les ombres de l'histoire du communisme pendant la résistance que le film de Robert Guédiguian, sincère et émouvant, se veut d'abord «une légende pour aujourd'hui» sur des jeunes qui expriment leur refus de l'inacceptable. Depuis le film de Franck Cassenti (en 1976), l'Armée du crime est la première fiction consacrée à ces communistes «étrangers» - juifs roumains, polonais ou hongrois, arméniens, espagnols ou italiens - et elle a l'immense mérite de faire pleinement entrer dans la mémoire collective la geste de ces «vingt-trois étrangers et nos frères pourtant», selon les mots du poème d'Aragon.
Censure. Légende oblige, Guédiguian a choisi d'éluder toutes les questions qui fâchent notamment sur les complexes rapports entre le parti «aux couleurs de la France» de Maurice Thorez - alors réfugié à Moscou - et les FTP-MOI, ces combattants étrangers, clandestins parmi les clandestins. Missak Manouchian et Marcel Rayman menèrent l'essentiel de ces actions armées dans la région parisienne comme le rappelle le Sang des étrangers, le classique de Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski (Fayard). Traqués et de plus en plus affaiblis par des arrestations en série, sacrifiés, voire lâchés, par le