Cela fait quarante ans qu'Elliot Tiber attend ce moment. La célébration de «son» Woodstock intime et personnel peut enfin commencer. Silence, on tourne… Derrière la caméra, le réalisateur taïwanais Ang Lee, qui vit aux Etats-Unis depuis 1978. «Un génie, drôle et attachant», dit Tiber, calé dans un sofa de son studio au 22e étage d'un gratte-ciel new-yorkais, son yorkshire lové à ses côtés.
Le contact entre les deux hommes a pris dès leur première rencontre, à San Francisco en 2007. Quand ils se croisent sur un plateau de télévision, Elliot Tiber (né Teichberg) est en pleine promotion de son livre autobiographique Taking Woodstock. Ang Lee, lui, est en promo pour son dernier film, Lust, Caution. «On s'est mis très naturellement à refaire Woodstock, raconte Tiber, l'œil souriant, Ang Lee m'a parlé de ses souvenirs de gosse de 12 ans, les yeux collés au petit écran pendant que dans les rues de Taïwan, la police arrêtait les jeunes aux cheveux longs vêtus de jeans, je lui ai parlé de mon histoire loufoque et nous avons beaucoup ri.»
Ang Lee, qui n'avait plus fait de comédie depuis Salé sucré, dévore le bouquin de Tiber et décide d'emblée d'en faire un film. C'est le début d'une complicité qui n'est sans doute pas due au hasard. L'un, écrivain et humoriste juif new-yorkais, revendique haut et fort son identité «gay», l'autre, cinéaste asiatique, anticonformiste et couronné de succès, est l'un des premiers réalisateurs à introd