Le 5 avril 1983, 47 diplomates russes en poste en France sont expulsés pour raison d'espionnage. Le lendemain, Libération consacre pas moins de dix pages à l'événement. On saura plus tard que les Français avaient découvert que les communications par téléimprimeur de l'ambassade de France à Moscou avec le quai d'Orsay étaient mouchardées. Mitterrand, furieux, avait exigé que les têtes tombent. Un mois auparavant, Reagan avait prononcé son discours sur l'Initiative de défense stratégique (IDS), le fameux programme de défense antimissile Star Wars. Ces deux faits s'inscrivent dans un climat de durcissement de l'Occident face à l'URSS, provoqué par les révélations d'un certain Vladimir Vetrov, lieutenant-colonel du KGB devenu une taupe balançant les infos secrètes à la tonne : liste d'espions à l'étranger, documents ultrasecrets sur la stratégie de défense soviétique, bilan d'activité du KGB révélant l'ampleur du pillage technologique de l'Ouest par la puissance communiste…
«rejet»L'Affaire Farewell raconte cette histoire en prenant pas mal de liberté avec la réalité. Mais, ainsi que le dit Christian Carion (lire page de droite), comme on ne saura jamais la vérité sur Vetrov, «je ne me sentais tenu par aucune contrainte». Pour Marcel Chalet, patron de la DST, le contre-espionnage français qui approcha Vetrov à Moscou, ce dissident de l'intérieur était «une sorte de Soljenitsyne du renseignement» mû par «le rejet permanent d