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Libération
Critique

Hippie days

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Patchouli. Ang Lee réinvente les marges bordéliques de Woodstock. Loin du mythe culturel.
publié le 23 septembre 2009 à 0h00

«Tu n'as rien vu à Woodstock» pourrait être le slogan du nouveau film d'Ang Lee, et il faudrait même y ajouter : «Pas entendu grand-chose non plus !» Bref rappel historique: du 15 au 17 août 1969, le raout devenu mythique rameuta plus de 500 000 jeunes autour d'une affiche prestigieuse, de Joan Baez à Jimi Hendrix. Le quarantième anniversaire d'un événement, qui fit du bruit symbolique bien au-delà d'un bled paumé de l'état de New York, semble aujourd'hui galvaniser papys cool et néohippies (lire Libération du 15 août).

Le cinéaste américano-taïwanais a lui opté pour une reconstitution paradoxale du fameux week-end «d’amour et de paix» en se tenant sur les marges selon le principe que pour raconter l’effervescence d’une boum, mieux vaut s’intéresser aux garçons et filles qui, placidement, font tapisserie. Pour ça, le producteur et scénariste James Shamus, qui a travaillé avec Ang Lee sur onze de ses films, s’est inspiré des mémoires d’Elliot Tiber, le jeune type qui téléphona au manager Michael Lang pour lui proposer de délocaliser son projet de méga concert prévu à Wallkill - où le permis de s’installer avait été brutalement résilié sous la pression des locaux0 - à White Lake, dans les Catskills, une région rurale à 200 kilomètres de New York.

Champ de boue. Tiber, qui démarrait à Manhattan une timide carrière d'artiste décorateur, était angoissé par la situation de ses parents, immigrés juifs ayant fui la Russie, propriétaires d'El