Osvalde Lewat est une documentariste d'origine camerounaise. Une affaire de nègres est son sixième film.
Qu’est-ce que le Commandement opérationnel ?
C’est une unité spéciale des forces de l’ordre, mise en place en février 2000 par le chef de l’Etat camerounais pour combattre le grand banditisme à Douala. Il était urgent de lutter contre la délinquance, mais, très rapidement, il y a eu des exactions : on retrouvait des corps le matin, dans la rue. Cette unité a arrêté, exécuté des gens, essentiellement des innocents. Ça a duré un an. Les chiffrent varient mais pointent 1 000 à 1 500 morts et disparus. Au début, je regardais ça avec beaucoup de distance, comme beaucoup de Camerounais. Douala est une ville frondeuse et la presse exagère parfois. Il a fallu que je rencontre par hasard un homme, Richard, dont le fils avait été abattu sous ses yeux, pour que je cherche à comprendre ce qui s’était passé dans mon pays, qui n’est pas réputé pour être une dictature féroce.
Comment est venue l’idée d’un film ?
Les gens, quand ils voient qu'il y a encore un drame en Afrique, ils se disent : «Encore une affaire de nègres», pour reprendre le titre du film. J'ai voulu faire un film qui ait une portée plus universelle. Après tout, les dérives sécuritaires, l'impunité et l'injustice, ça existe partout. Depuis que le film a été primé dans des festivals, il a eu plus d'écho au Cameroun. Il n'a jamais pu y être diffusé, mais il est vendu sous le manteau, il circule.
Comment avez-vous approché les familles des victimes ?
J’ai fait trois ans de recherches avant de tourner. Je les ai vues régulièrement. Ce que je vo