«Au lieu de vouloir m'interviewer, vous feriez mieux d'enquêter sur les massacres de dauphins au Japon !» pestait en septembre 2001 Jacques Mayol, l'homme dauphin, figure mystique des océans interprétée par Jean-Marc Barr dans le Grand Bleu. C'était trois mois avant qu'il se donne la mort (le 22 décembre 2001, à 74 ans). Contacté par téléphone alors qu'il rendait visite à ses amis de l'association japonaise Homo Delphinus, à Chiba, à 60 kilomètres à l'est de Tokyo, Jacques Mayol renvoyait le journaliste à son devoir d'investigation.
Tradition. Né à Shanghai en 1927, Mayol avait découvert enfant les fonds marins et ses premiers dauphins sur les îles et les côtes japonaises. Devenu plus tard un adepte de la méditation zazen, il revenait souvent au Japon, à Kyoto surtout, dans ce pays qu'il aimait tant, mais dont une des «traditions», vieille de quatre siècles, le hantait : la chasse au dauphin.
Son message a finalement été entendu. Le bouche-à-oreille et la rumeur ont envahi Internet depuis des mois pour faire du film documentaire The Cove, réalisé par Louie Psihoyos (photographe au National Geographic), un événement retentissant. C'est une œuvre insolente et coup de poing, qui dénonce sans retenue et sans la moindre hésitation - pièges, attrape-nigauds et images volées à l'appui - ces chasses et tueries de dauphins, chaque année, dès l'automne et pour six mois. Selon les chiffres de l'Agence japonaise des pêches, «20 000