Documentariste, Frederick Wiseman a consacré quarante ans de sa vie, de Titicut Follies à Domestic Violence, à faire le portrait des grandes institutions américaines (asile, hôpital, école, cour de justice, armée…). Après la Comédie française ou l'amour joué, il s'immerge dans un autre haut lieu de la culture hexagonale : l'opéra Garnier. La rencontre a lieu à Paris, où il vit désormais, dans un studio de visionnage, quelques jours avant la sortie de son film.
Pourquoi ce film sur la danse ?
Je suis amateur de danse depuis l’âge de 25 ans, lorsque j’allais voir régulièrement le New York City Ballet, dans les années 50. Cela ne m’a jamais quitté et je vais maintenant souvent voir le Ballet de l’Opéra de Paris, puisque je vis ici. Ce qui m’intéresse, ce sont les différences entre les institutions. En 1992, j’ai filmé l’American Ballet. L’organisation est beaucoup plus souple. L’autre chose à noter, c’est qu’il n’y a pas d’école équivalente. Ici, la plupart des danseurs viennent de l’Ecole du ballet, à Nanterre. Ils ont été formés dès l’âge de 6 ans à la discipline. C’est une longue tradition française : même les passeurs, les transmetteurs en sont issus. L’autre grande différence, c’est la provenance de l’argent. Aux Etats-Unis, les compagnies sont privées. Le Ballet de l’Opéra de Paris, lui,est subventionné par l’Etat, il peut compter sur une certaine pérennité et, par exemple, concevoir des programmes trois ans à l’avance.
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