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Libération
Critique

Marrants glacés

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Poilade . Judd Apatow glisse une dose de gravité dans son humour potache.
publié le 7 octobre 2009 à 0h00

Funny People n'est pas très drôle, et c'est ça qui le rend vraiment amusant. Décider s'il s'agit ou non d'une comédie revient à juger du sexe des anges : c'est tantôt une comédie qui ne fait pas tant rire et tantôt une non-comédie qui amuse. Ce qui peut faire flotter ainsi un voile d'opacité sur la nature exacte du film de Judd Apatow, c'est que son sujet, précisément, c'est la comédie et que ce sujet-là est traité avec autant d'humour que, mettons, de gravité.

Le sujet-comédie s'incarne dans le personnage de George Simmons, le héros ambigu de Funny People, que l'on nous présente comme un comique illustre, une gloire du stand-up, quadra divorcé menant une vie d'égoïste patachon mais que la dépression fauche le jour où on lui diagnostique une maladie incurable et mortelle. Il a moins envie de rire, forcément. Mais c'est en même temps une telle sale habitude…

Adam Sandler donne au rôle toute la consistante crédibilité que son statut de star et d’amuseur lui confère (s’il reste méconnu par ici, il est l’archétype du comique populaire aux Etats-Unis). Parfait goujat, enviable débauché, ami complexe et, curieusement, complexé, George Simmons craint que ses tourments personnels n’assèchent son inspiration. Il va donc se chercher et se trouver une béquille morale de circonstance en la personne du jeune Ira (Seth Rogen), piètre débutant dans le stand-up, qui voue naturellement une admiration sans borne à son inespéré mentor. Devenu témoin de l’intimité de la star bip