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Libération
Interview

Ce que dit maddin

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Labyrinthe . Rencontre avec le cinéaste délirant de Winnipeg (Manitoba), à qui le Centre Pompidou consacre une large rétrospective.
publié le 14 octobre 2009 à 0h00

Maria de Medeiros discute avec son ver solitaire. Isabella Rossellini a des jambes en verre remplies de bière. Des marins homosexuels se livrent à de féroces orgies de gifles. Un fils se cautérise la bouche après avoir baisé le sein de sa mère. D’étranges machines à tuyaux permettent d’espionner à distance sa famille ou ses voisins. Le tout avec de la vaseline sur l’objectif et de la ouate dans le microsillon, agencé comme si les images pleuvaient et qu’on eût poussé le pleurage au désespoir.

Guy Maddin, 56 ans, né et résidant à Winnipeg, au Canada, a inventé il y a vingt ans le comique pour cinéphiles dépressifs. Lesquels gloussent nerveusement à ses inventions et le traitent confraternellement de «gros malade». Son œuvre est drôle comme une omelette freudienne tartinée sur la table et un convive mort qui refuse de la manger.

Dans son dernier long-métrage, Winnipeg mon amour, docu-fiction en salles mercredi prochain, le cinéaste a confié le rôle de sa propre mère à Ann Savage. Ce qui ne l'empêche pas, au début du film, de prétendre que tous les membres de sa famille sont interprétés par des acteurs, sauf sa mère. Si l'on raconte ça, c'est parce que Winnipeg mon amour, visible durant cette rétrospective au Centre Pompidou, non seulement n'est pas si automenteur qu'on le croirait - il recoupe largement le docu de Noam Gonick sur Maddin En attendant le crépuscule (1) -, mais surtout met à jour les racines intimes de l'arsenal fantasmatique maddinien (a