C'est un film qui pose la question de la servitude volontaire. Comment peut-on désirer sa propre répression ? A l'échelle de l'histoire, ce sont les millions d'Allemands qui ont démocratiquement voté pour le régime nazi. A la fenêtre, nettement moins dramatique, d'une chronique familiale, c'est l'histoire de Raquel, domestique depuis vingt-trois ans chez les Valdes, famille aisée de la bonne société de Santiago du Chili. Mais du macro ou microcosme, la même question s'obstine : comment peut-on désirer sa propre répression comme s'il s'agissait d'un combat pour la liberté ? Comment peut-on aller jusqu'à aimer cette répression ? La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire, l'écrivit beaucoup mieux : «Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d'autres biens ni d'autres droits que ceux qu'ils ont trouvés ; ils prennent pourleur état de nature l'état de leur naissance.» C'est sous ce signe anxieux que, tel un La Boétie contemporain, le film de Sebastián Silva, jeune réalisateur chilien de 30 ans, s'exprime. Avec beaucoup de subtilités. Car les Valdes ne sont pas des monstres esclavagistes, bien au contraire. Nouveaux bourgeois progressistes, ils considèrent Raquel comme un membre de leur famille, le film s'ouvrant sur un gâteau d'anniversaire qui fête les 40 ans de celle-ci - Raquel -, la nana, la «bonne
Critique
Les bons et loyaux sévices de «la nana»
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par Gérard Lefort
publié le 14 octobre 2009 à 0h00
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