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Libération

Fellini et ses gueules d’amour

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Castings, croquis, peaufinage des personnages… un livre, une expo et des DVD s’attachent à l’univers délirant et au travail du maestro italien.
publié le 17 octobre 2009 à 0h00

Des trognes, des tronches, des bobines, des binettes, c'est un vocabulaire argotique ou populaire qui vient quand on visite la galerie photographique des visages collectionnés par Federico Fellini au fil des castings de ses films. Ce qui est assez logique. Chez Fellini la majorité des figurants qui, par définition, remplissent un rôle secondaire et généralement muet, étaient recrutés pour faire mauvaise figure. Son système de classification est édifiant: «Gueules ignobles», «Filles girondes et un peu putes», «Têtes de petites tapettes…» Pour remplir cette typologie, le Tout Rome, populo et aristo, se bousculait. L'action se situait dans le studio 5 de Cinecittà où le maestro recevait les candidats suite à la petite annonce rituelle passée dans les journaux: «Federico Fellini est prêt à rencontrer tous ceux qui veulent le voir.» Pour avoir une idée plus concrète du résultat, il faut augmenter cette galerie de photos d'une vision du DVD Fellini au travail (1) où tous ces visages et ces dégaines se mettent à bouger et surtout parler.

Doux dingues

C'est un monde vraiment fou qui se présente. Ceux qui se vivent au minimum comme un nouveau Mastroianni ou une nouvelle Anita Ekberg. Celle qui pousse sa canzonetta à faire tomber les plafonds, la femme caoutchouc perclus de rhumatismes, la fille qui a trop de dents, le gars qui n'a pas assez de menton, mais aussi, acteurs ratés, attractions de music hall foireuses, tout ce que la ville éternelle compta