L'invention du portable aura eu au moins un bénéfice : la possibilité en projo de presse de regarder l'heure. En l'occurrence, la consultation tourna vite à la frénésie, puis à la malédiction, puis au sommeil profond. L'adaptation de la célèbre BD de Morris et Goscinny par le réalisateur de Brice de Nice, James Huth, est plus qu'un naufrage : un sabordage à quai. La faute à qui, à quoi ? En dépit d'une admiration irraisonnée pour Loulou OSS Dujardin, sa tentative de se glisser dans la silhouette longiligne du lonesome cowboy est déjà en soi une aberration physique. Même vu d'avion, Dujardin est un poil trop costaud pour le rôle. Mais c'est surtout du côté du scénario que le péché est mortel. Car non seulement cette affaire de vengeance au trauma originel est difficile à suivre mais, quand on y parvient enfin, on regrette d'avoir compris. Mélanger impunément le côté sombre d'un Batman avec la légèreté des Bronzés font du western se paye au prix fort du flingage en plein ciel des références.
Le plus tragique, ce sont les efforts démesurés et les moyens déployés pour arracher deux sourires à l'heure. Exemple, la première apparition de Michaël Youn avec sa ceinture pivotante, où il confond colt et banane, est drôle. A la 75e fois, moins. Idem pour le décor d'une ville de l'Ouest tout de traviole qui, pas gêné, invoque l'expressionnisme allemand, mais ne sert à rien, hormis à décorer. Paradoxalement c'est la blague à deux balles qui fait le pl