Entre Bruxelles, Toronto, une sciatique et Montmartre, Jean-Pierre Jeunet en plein lancement planétaire de Micmacs à tire-larigot (d'ores et déjà vendu dans le monde entier), en parle avec nous au vol, par le canal cybernétique.
Ton tricycle emblème ?
Remarqué en Inde lors des repérages de Life of Pi.
Comment ranges-tu toutes tes affaires et lubies ?
Le tout est de noter tout ce qui fait tilt. Papier et crayon près du lit, dictaphone dans la poche, post-it aux murs.
Le pull potage-de-légumes de Boon ?
Dany Boon étant plus massif que «Djamel la crevette», qui devait initialement tenir le rôle, le jeu était d’en faire un gros ours. D’où les épais pulls de fonds de tiroir de loueurs, ou tricotés par les costumières, les énormes salopettes en cuir, les futals à la Tintin.
Peu d’effets sur «Micmacs» finalement ; tu restes un manuel…
Il y a quand même 380 plans truqués en numérique, sans que cela se voie. Mais tous les outils sont bons, et vive la bricole, le jeu. Orson Welles disait qu’un film est une grosse boîte de train électrique. Il s’agit d’utiliser tous les éléments de la boîte : costumes, dialogues, musique, son, couleurs, pour construire le plus beau jouet. On peut aussi parler «cuisine» : le bonheur d’élaborer un plat et l’envie de le partager. Hitchcock disait que certains font des tranches de vie, lui des tranches de gâteau. Bref, bidouille et tambouille.
Ton univers poétique nostalgique…
On lit parfois que la nostalgie est réactionnaire, voire plus. C’est une des idées les plus cons des dernières années. Apprécier la nostalgie ne veut pas dire qu’on vit dans le passé. «Reconstituer cette poésie nostalgique» mobilise toutes les technologies les plus avanc