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Critique

Tsaï Ming-Liang à Louvre ouvert

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Sfumato . Le réalisateur taïwanais s’immisce dans les arrières-mondes du musée parisien à l’occasion d’une rêverie cinéphile.
publié le 4 novembre 2009 à 0h00

En peinture, la technique du sfumato, mise au point par Léonard de Vinci, consiste à enfumer les contours du sujet dans une vapeur légère. A l'école de Vinci, cité dans Visage par un plan du Saint Jean-Baptiste accroché au Louvre, Tsaï Ming-liang nimbe son propos dans une brume rêveuse d'où surgissent des visages, des corps, des gestes, plus figures fantomatiques que personnages. De même pour l'histoire, plutôt motif que scénario : Kang (Lee Kang-sheng), cinéaste taïwanais, tente de filmer l'histoire de Salomé qui, si on croit les Evangiles, dansa si fort pour le roi Hérode qu'elle obtint sur un plateau la tête de Jean-Baptiste.

«C'est bizarre, très bizarre», va bientôt déclarer Fanny Ardant dans le rôle de la productrice un peu dépassée par différents événements : la défaillance d'un acteur fourbu (Jean-Pierre Léaud), la cavale d'un cerf nommé Zizou, les avatars d'une Barbie vivante (Lætitia Casta) qui chante, en chinois comme en espagnol, qu'elle crame d'amour. Le tout encore plus «distrait» par la mort de la mère du réalisateur (pour de vrai dans la vie, pour de faux dans le film), qui nécessite un séjour express à Taïpeh. Cet aller-retour entre Chine et France, n'est pas que physique, c'est aussi une noria mentale.

Cimaises. Visage se regarde comme on considère une page recouverte d'idéogrammes. Graphique et élégant. Mais on sait aussi que par-delà la jouissance esthétique, ces signes ont un sens. Tsaï Ming-liang, qui en