Cette histoire aurait dû rester à jamais enfouie, effacée par la toute puissance de la machine d'Etat fasciste qui a purgé les archives comme les registres de l'état civil. Mais dans son village près de Trente, Ida Dalser n'a pas été oubliée, et ses proches ont gardé des dizaines d'ébauches des lettres que cette femme envoyait aux journaux, aux juges, aux prélats, à la cour royale et bien sûr à Benito Mussolini lui-même, l'objet de sa passion amoureuse et suicidaire. On y trouve les lettres que lui écrivait le futur Duce, signant «ton sauvage ami et amant». Elle avait aimé à la folie le jeune tribun fort en gueule, révolutionnaire et bouffeur de curés. Elle le suivit dans sa rupture avec les socialistes pendant la guerre de 14-18 et avait vendu tous ses biens pour lui permettre de créer son journal Il Popolo d'Italia, pilier du mouvement fasciste qui le porta au pouvoir en 1922. Aussitôt installé à la tête de l'Etat, le Duce la renia, ainsi que le fils qu'il eut d'elle, Benito Albino. Ce dernier avait choisi de rester avec Mussolini, paysanne de son village de Romagne. Enfermée sur ordre dans un asile de fou, elle y mourut en 1937. Lui aussi interné, succomba en 1942. Leurs corps furent jetés à la fosse commune.
Inspiratrice.Vincere («vaincre»), cet infinitif péremptoire, qui donne son titre au film, fut un slogan du fascisme. Le régime a certes broyé Ida Dalser, à qui Giovanna Mezzogiorno donne une grande intensité, mais la jeune f