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Libération
Interview

«La ferveur liée à l’histoire du film n’est pas encore éteinte»

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Warwick Thornton
publié le 25 novembre 2009 à 0h00

Une vieille malédiction veut que les bons chefs opérateurs fassent rarement de bons cinéastes. Mais Warwick Thornton s'en fout royalement. Le robuste gaillard en tenue de bushman, avec gilet de cuir et chapeau cabossé, fait actuellement un tour d'Europe à l'occasion de la sortie de Samson et Delilah. Jusqu'à présent, dans son Australie natale, il était davantage connu pour sa maîtrise de l'image et de la lumière. C'était avant le Festival de Cannes 2009 où, pour son coup d'essai à la réalisation, Warwick Thornton, tout étonné, a empoché la caméra d'or.

Comment avez-vous vécu l’accueil très chaleureux qui a été fait à votre film à Cannes ?

C’était assez incroyable parce que, vraiment, je ne m’attendais pas à ça. J’ai vu des tas de films formidables, en particulier des courts métrages. Le plus étonnant, c’est cette ambiance incomparable, mélange de gens passionnants, fous de cinéma que l’on ne peut rencontrer nulle part ailleurs, du moins dans de telles proportions, et en même temps, cette obsession du business, du marché, avec ce que cela peut comporter de vulgarité et de brutalité. C’est, je crois, la réalité du cinéma, et j’ai adoré ça.

Vous êtes facilement passé à autre chose ?

A vrai dire, non. Pas encore. C'est évidemment le plaisir de savourer la caméra d'or, mais la ferveur liée à l'histoire du film n'est pas encore éteinte. Je voulais faire ce film avant tout pour les miens, ces communautés aborigènes qui ne sont jamais perçues autrement en Australie que comme un problème. J'ai longtemps vécu à Alice Springs [au centre du pays, ndlr], et je ne voulais rien trahir de ce que j'ai vu