Servie sur un plateau, cette crise financière mondiale n'était pas forcément un cadeau à offrir à Michael Moore. Trop belle, trop évidente. Un combat gagné d'avance ne fait a priori ni de grands films ni de bons tracts. Or, notre cher capitalisme financier s'étant si joliment fourvoyé (et sans l'aide de personne), on n'imaginait pas très bien comment il allait pouvoir résister aux bâtons de dynamite de Moore. C'est bien simple, avant même d'avoir vu son Capitalism : a Love Story, dernier opus, on connaît déjà tout : les méchants (les banquiers), les victimes (ces familles américaines virées de leur maison pour avoir contracté en toute crédulité un crédit subprime) et la morale de l'histoire (boutons tous les politiciens véreux achetés par le grand capital). Tout cela n'empêche pas Moore de nous mener par le bout du nez pendant deux heures.
Macédoine. Avec une science du rythme presque marketing : dès que son film s'enlise dans la facilité ou patauge dans le bon sentiment, Moore a le don de vous rattraper par le col avec une séquence désopilante ou des images coup-de-poing. On ne sait pas s'il faut tenir Moore pour un grand cinéaste, mais il faut lui reconnaître une grammaire filmique unique en son genre. Encore plus que dans ses films précédents, il fait de sa macédoine d'images, où tout se mêle et se mélange (du reportage brut avec du détournement de publicité, des archives historiques avec des séances de happening aussi vaines que poilantes), un sy