Une femme fait la manche dans le métro. Débraillée et vociférant, elle ne quémande pas, elle exige. Les réactions des passagers sont comme elles sont toujours en ces circonstances : à la sauvette, entre malaise, curiosité et soulagement de côtoyer un humain plus damné que soi. Une jeune fille croit rompre le rite en souriant à la mendiante. Elle récolte la tempête de sa compassion : une violente paire de claques.
La nuit, sur une place parisienne, un motard est renversé par une voiture et s’explose sur la chaussée. Les passants réagissent comme souvent : entre avidité pour l’impromptu et consolation que l’accident arrive à un autre. Un jeune homme cependant se mêle d’intervenir. Il se précipite vers l’accidenté, se réjouit qu’il ne soit que légèrement blessé, l’aide à se relever, blague avec lui sur les tracas du constat à l’amiable, lui souhaite en souriant une bonne soirée. Il va payer son sauvetage à un prix exorbitant. Le motard s’effondre soudain sur son épaule, probablement fracturé du crâne, mort.
Ces deux scènes ne résument pas le film. Elles sont comme son blason. Persécution, donc, sous le double signe de la mort, assurément, et de l'amour, franchement.
Que faire, quand toute une société, voire une civilisation, hurle que l'amour est obligatoirement synonyme de bonheur ? Comment agir, c'est-à-dire en méditant sur la mort, quand le marché des distractions augmente chaque son jour son empire ? S'il est bien connu que la mort est un scandale, il est moins admis