Menu
Libération
Critique

Une fille et son pair

Article réservé aux abonnés
Fugue. Dans «Yuki & Nina», l’enfant, une petite fille franco-japonaise, ni poupée ni cancre, devient l’alter ego du cinéaste ultrasensible.
publié le 9 décembre 2009 à 0h00

L’enfant au cinéma, sujet boueux. Ils sont combien à avoir évité sa représentation sous forme de marionnette sentimentale, comme si l’enfance était extérieure au cinéma. Comme si le cinéma ne savait que rendre visite à l’enfant, surtout quand vient l’heure d’attendrir Margot. Enfant mouchoir, enfant tire-larmes, enfant nenfant. Et son double en pire, l’élève. La poche à savoir. Le fayot ou le cancre, pareille oreille vide que l’on va éduquer, de gré ou de force.

Douleur. Que l'enfant soit un mystère total pour l'adulte cinéaste (qui ne se souvient plus) comme pour l'image (qui a fait de l'enfance une vignette, un bon point), c'est la base même depuis laquelle repartent les grands cinéastes qui ont pris la peine de filmer ça. On pense à Doillon, parce que ce film, dans sa façon de se saisir d'une petite fille et de la douleur qui soudain s'empare d'elle (c'est la fin de l'année scolaire, ses parents se déchirent, et sa mère décide de repartir avec elle au Japon), le prolonge. Quoi de plus naturel, au fond, Doillon ne jouait-il pas un rôle discret dans Un couple parfait, le précédent film de Suwa, déjà tourné à Paris comme celui-ci ? On voit d'ailleurs mieux, dorénavant, comment a pu avancer cette (fausse) trilogie que constitue H Story - Un couple parfait - Yuki & Nina : le premier - tourné au Japon avec Béatrice Dalle - projetait depuis Hiroshima le fantasme d'un cinéma intime à la française ; le second, entièrement parisien, en