Il est d'usage au cinéma, quand on se met en tête de montrer les coulisses du métier, de représenter la figure du producteur sous les traits d'un gros type à cigare tyrannique et libidineux face au cinéaste, personnage intègre poursuivant son idéal en dépit des vicissitudes du tournage. Dans le Père de mes enfants, Mia Hansen-Løve rompt clairement avec ce topo, on peut même dire qu'elle l'inverse puisque son personnage principal, le producteur indépendant Gregoire Canvel, apparaît à tous comme un type d'une classe naturelle, incapable de la moindre vilenie tandis que Stig Janson, le génie incompris, secoué de caprices et d'incapacité chronique à mettre en boîte le moindre plan, n'inspire aucune sympathie.
Suractif. Canvel, marié, trois enfants, semble équilibré quoique légèrement suractif, jonglant avec les appels sur ses différents téléphones portables et surtout spectateur impuissant de l'agonie économique de sa petite entreprise, Moon film.
La jeune cinéaste, découverte en 2006 avec le garrellien Tout est pardonné, ne fait pas mine de dissimuler la serrure de son récit à clef, elle s'inspire directement de la situation du producteur Humbert Balsan quelques semaines avant qu'il ne décide de se donner la mort dans son bureau, le 10 février 2005. Le cinéaste ingérable, c'est le hongrois Béla Tarr, qui s'affairait à son Homme de Londres dans le port de Bastia bien que le budget soit loin d'être bouclé. Balsan souffrait d'accès dépress