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Libération
Critique

La langue bien tendue de «the Proposition»

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Outlaws . John Hillcoat livre un western australien où s’affrontent des hommes d’action et de parole.
publié le 16 décembre 2009 à 0h00

Quatre ans. Il aura fallu attendre presque quatre ans pour voir enfin distribué sur les écrans français The Proposition. Un purgatoire inexplicable : le film est sorti un peu partout dans le monde, et on en trouve même des copies pirates vendues sur des marchés au Moyen-Orient. Mais la France, terre cinéphile, a visiblement un problème avec John Hillcoat. La Route, son adaptation de Cormac McCarthy, sorti fin novembre, ne rencontre à Paris qu'une indifférence polie.

Peut-être parce que Hillcoat est quelqu'un qui croit finalement plus à la musique et à l'écrit qu'à ses propres images. Il s'interdit toujours de sursigner ses plans, et sa lumière n'est pas aussi macabre qu'on le voudrait parfois. Ses fans, s'ils existent (mais on en connaît au moins trois) sont à chercher dans les rangs hantés de son compère Nick Cave. Qui, en 1989, offrait à Hillcoat le script de Ghosts of the Civil Dead, film de prison hyperréaliste. C'est en Flannery O'Connor de l'outback que le crooner australien taré revient, escorté de son cinéaste porte-flingue : The Proposition est un western littéraire mené en tandem, une sorte de pièce de théâtre sous des cieux brûlés, une épopée saignée à blanc, qui prend au piège une séquence historique : la fin du XIXe siècle colonisée par les Britanniques qui y envoient des forçats irlandais, pour qu'ils y affrontent les Aborigènes noirs. Parmi ces bushrangers, un clan d'outlaws, les Burns, q