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Libération
Critique

«Plein Sud», secret salé

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Road-movie . Sébastien Lifshitz filme un voyage troublant et sensuel sur fond de blessure enfantine.
publié le 30 décembre 2009 à 0h00

Plein sud comme on dirait plein pot. Pour un film démarrant sans starter, tout de suite en quatrième vitesse. Une des premières images est celle d'une échographie où une jeune fille rechigne à écouter le cœur du fœtus qui bat en elle. La bande-son nous fait entendre comme un bruit lointain de canonnade. Elle parle de se faire avorter. A cette saynète polaire succède une séquence tropicale. La même jeune fille en gogo danseuse bucolique improvisée devant deux jeunes gens attentifs. Fait chaud ! Mais on ne comprend pas pourquoi les garçons restent malgré tout de glace. La jeune fille nous dépanne par sa question posée à Sam, le plus brun des deux, qu'elle chevauche hardiment : «Alors toujours rien ?»

C’était donc ça… Une fille et deux pédés, dont l’un, Mathieu, le plus blond, est son frère. Mais pas fille à pédé au sens caricatural. Elle s’appelle Léa, elle aime les hommes et son frère aussi. Ce qui se vérifiera au fil d’une virée automobile de la Normandie jusqu’en Espagne.

On dit toujours «descendre vers le sud» : ce film serait plutôt une manière de remonter vers le sud. C’est-à-dire à contre-courant, voire à contresens. Il y a, par exemple, toute une poétique clandestine des carnations quand la caméra, souvent en gros plan, caresse la peau des personnages. Car les acteurs principaux du film ne sont pas que jeunes et (très) beaux. Qu’est-ce qui fascine le plus dans le jeu de Léa Seydoux, définitivement révélation majeure du cinéma français ? Evidemment, son sex-appea