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Libération
Interview

«je me suis imprégnée de sa poésie»

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Jane Campion, réalisatrice de «Bright Star» :
publié le 6 janvier 2010 à 0h00

Quelques semaines après Cannes où, pour la première fois depuis la Leçon de piano (palme d'or 1993), un de ses films faisait partie de la sélection officielle, Jane Campion était à Paris pour parler de Bright Star. De la lente maturation du projet, mais aussi de sa mélancolie de devoir l'abandonner.

Vous avez réussi à quitter ce film ?

C'est encore difficile de me convaincre que c'est terminé. Cela m'a occupée chaque instant pendant les quatre dernières années, et je suis surprise de mesurer à quel point je n'avais pas envie de le laisser partir. Faire un film est toujours une mécanique très égoïste, mais pour Bright Star, ce fut un sentiment très fort. C'est merveilleux d'avoir une bonne raison pour s'immerger entièrement dans cet univers poétique, de faire des recherches historiques sur l'époque, d'aller au fond de chaque question qu'on se pose. Si je devais résumer ce moment de ma vie, je dirais que je n'ai pas fait ce travail pour réaliser un film, mais le contraire. Que j'ai fait le film avant tout pour rester dans ce contexte.

Quelle a été la part la plus excitante de ce projet ?

C’est un ensemble, bien entendu, avec des satisfactions de nature très différente. La phase de recherche m’a permis de plonger très profondément dans la psychologie de ces personnages, de m’imprégner de la poésie de Keats envers laquelle j’éprouve toujours une centaine angoisse pour aller jusqu’au cœur du mystère de la création. Durant le tournage, c’était un autre plaisir avec ces acteurs qui, d’un coup, donnaient littéralement vie à toutes ces questions av