«Il m'a appris à déthéiner le thé. Il m'a désappris le cinéma du cinéma. Il m'a fait entrevoir le luxe du dénuement au cinéma. Il m'a accordé pour Triple Agent une confiance totale et sans réserve. Je crois qu'il m'aimait bien, nous avions plaisir à travailler ensemble.»
Les Rendez-vous de Paris (1995)
«"Bonjour c'est Eric Rohmer, j'aimerais vous voir." "Oui bien sûr, quand voulez-vous ?" "Aujourd'hui à 15 heures à mon bureau." J'étais liquéfié. Il m'expliqua le projet, son économie, me fit lire une ou deux scènes, me présenta Aurore [Rauscher, sa partenaire, ndlr], me donna deux scènes à travailler pour des essais. Pendant deux mois nous nous sommes vus régulièrement. De semaine en semaine, il me donnait de nouvelles scènes, et nous les mettions en place avec Aurore dans le lieu où elles devaient se tourner, puis nous retournions à son bureau boire du thé et manger des gâteaux et du chocolat. Un jour je demande : "Pardonnez-moi Eric, mais j'aimerais savoir à quel moment vous estimerez que les essais sont concluants ?" Il lève le nez de son bureau, interloqué : "Mais je vous ai engagé dès les premiers essais. Je ne vous l'ai pas dit ? Eh bien, j'ai oublié !" Le tournage était placé sous le signe de la liberté. J'avais l'impression de me promener et j'ai failli ne pas réaliser que nous tournions un film. C'est après la première prise, qu'Eric jugea satisfaisante, que le déclic s'est opéré. Confus, j'ai demandé une deuxième prise qu'Eric