Hospitalisé dans un état de très grande faiblesse depuis une semaine et tombé dans le coma à la veille du week-end, Eric Rohmer s’est éteint lundi matin à Paris, a annoncé, hier dans l’après-midi, Margaret Menegoz, qui fut longtemps sa productrice aux Films du Losange. Il avait 89 ans.
C'est un pilier de la Nouvelle Vague qui disparaît, même s'il avait tourné son premier film, le Signe du Lion (1959) avant que ne fleurisse l'expression «Nouvelle Vague», inventée par Françoise Giroud. Comme les autres cinéastes de ce mouvement (Godard, Truffaut, Resnais, Rivette, Rozier, Chabrol, Rouch…), Rohmer n'a jamais cultivé de corporatisme ou de théorie particulière attachés à cette vague dite nouvelle. Il a imperturbablement, solitairement, impérieusement tracé sa route unique, construisant pas à pas son propre système, sa propre économie… et son œuvre immense.
Avec près de vingt-cinq films en cinquante ans d’activité, Rohmer laisse une œuvre riche, foisonnante, à certains égards révolutionnaire et dont la portée dépasse de très loin le marivaudage littéraire ou le nombrilisme sentimental où l’on a parfois voulu l’enfermer. Le temps, sans doute, fera le tri parmi les nombreux legs que Rohmer laisse à l’histoire du cinéma. Mais on peut déjà avancer quelques pistes qui situent le formidable bonhomme sur l’échelle de notre temps présent.
Urgence. Dès le début des années 80, une intelligence supérieure lui a fait prendre conscience avant tout le monde d'une urgence