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Interview

Eric Rohmer : «Faire confiance à un mouvement naturel des choses, sans trop intervenir»

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Eric Rohmer racontait en 1983 l’écriture de «Pauline à la plage» et son travail avec les comédiens :
par Louella INTERIM et Serge Daney
publié le 12 janvier 2010 à 0h00

En mars 1983, Libération publiait un entretien avec Eric Rohmer pour la sortie de Pauline à la plage, troisième volet de sa série Comédies et Proverbes. Extraits.

Est-ce que pour vous les acteurs de Pauline à la plage sont vraiment des acteurs ? Ou ont-ils le statut de «comédiens» ?

Oui. Alors là, je suis plus ferme que jamais. J'ai fait appel à des acteurs qui sont des professionnels. Dans les Contes moraux, comme la Collectionneuse, il y avait des gens avec qui je faisais un peu de cinéma-vérité. Ce n'est pas du tout le cas ici. Le texte a été écrit à l'avance. Il n'y a aucune improvisation.

Vous est-il déjà arrivé d’écrire un personnage pour un acteur précis ?

Pas tellement non. Il y a une chose qui se passe pour moi qui est de l'ordre de la chance - je ne dirais pas du miracle parce que c'est trop fort -, j'ai de la chance avec mes comédiens. Je m'aperçois que le texte que j'ai écrit s'adapte très bien pour eux. Dans ce film, c'est particulièrement net : les acteurs se sont imprégnés du texte. Ils l'ont fait leur. En fait, je ne travaille pas tellement avec eux, et j'ai peu de choses à faire. Quand on me parle de mes «rapports avec les comédiens», je suis assez embarrassé parce qu'ils vont de soi. Et je crois que c'est très important au cinéma de faire confiance à un mouvement naturel des choses, sans trop essayer d'intervenir. Le défaut de beaucoup de films, c'est qu'on intervient trop, on veut trop mettre en scène, trop diriger, trop dire. Alors là, oui, je suis très Nouvelle Vague, comme d'autres, Godard par exemple, mais d'une façon moins systématique que lui. Et puis la majorité de mes comédiens ont été aussi metteurs en