Malik Zidi, né en 1974, est un comédien que l'on aime retrouver de film en film, toujours subtil, toujours juste. Jérôme Bonnell dit de lui qu'il a «sur son visage un mélange confus d'enfance et de noirceur». De Gouttes d'eau sur pierres brûlantes (1999) de François Ozon, son premier vrai rôle, à cette Dame de trèfle, dix ans plus tard, où il atteint un degré d'intensité inédit, Malik Zidi trace sa route en «solitaire», comme il le dit lui-même.
Aurélien, votre personnage, bascule dans un cauchemar. Comment avez-vous abordé ce rôle hypertendu ?
Il fallait qu’il existe avant les mots, avant même qu’il n’ait pu prononcer une phrase. Dès le scénario, j’ai été frappé par la densité de l’écriture de Jérôme Bonnell et en le rencontrant, sa maturité m’a impressionné alors qu’il n’a que 32 ans. Mon personnage est plongé dans une situation où, en un sens, il n’est plus lui-même. Ce n’est pas un rôle linéaire mais plutôt en lignes brisées, en strates. Il réagit en fonction des lieux, des gens qu’il a en face de lui. On l’a abordé en dehors de toute psychologie.
Est-ce déstabilisant de donner la réplique à une actrice comme Florence Loiret-Caille, qui paraît volcanique, impossible à saisir ?
Florence est extrêmement vive et électrique, elle a une énergie folle. Il n’y a pas de triche possible quand on joue avec elle. On joue vraiment ensemble, on se regarde, on s’écoute ; ce qui n’est pas toujours le cas avec un ou une partenaire sur un plateau. Dès les premières lectures, la rencontre a été magique, on est devenus frère et sœur très rapidement. Avec la même volonté de dégrossir les choses, de se laisser aller ensemble ; pas chacun dans son coin. Les acteurs sont un peu comme des