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Libération
Critique

«Invictus», sauce au boer noir

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Mêlée. Eastwood retrace la victoire sud-africaine au Mondial de Rugby juste après l’apartheid.
(Warner Bros.)
publié le 13 janvier 2010 à 0h00

Le bien n'a jamais été un mauvais sujet pour les bons cinéastes américains. Sans remonter à Capra, on se contentera de rappeler David Lynch et son inattendue Histoire vraie (1999). Dans Invictus, Clint Eastwood raconte une histoire désarmante : la victoire, au lendemain de l'élection de Nelson Mandela, de l'équipe sud-africaine de rugby à la Coupe du monde de 1995. Eloge de la fraternité, célébration des vertus réconciliatrices du sport… Non seulement le film n'esquive pas les poncifs, mais il les reprend à bras-le-corps. De ce point de vue, Invictus se situe dans la lignée de Sur la route de Madison ; quinze ans après le mélo sentimental, Eastwood s'essaie au mélo politique. Et s'en sort une nouvelle fois avec panache.

Du moins si l'on dissipe d'entrée un malentendu : Invictus n'est pas un film sur le rugby. Il vaut mieux, parce que le volet sportif est complètement raté. Le ver est déjà dans le fruit du casting principal. Matt Damon, censé interpréter François Pienaar, le capitaine des Springboks, doit mesurer 20 cm de moins que Morgan Freeman, qui joue Mandela ; soit l'exact inverse que dans la réalité. Les figurants recrutés pour incarner les joueurs des équipes en compétition sont encore moins crédibles : un ramassis de bras cassés gringalets à peine fichus de se faire une passe. Clint Eastwood a visiblement mis un point d'honneur à ne pas utiliser d'images d'archives et à filmer au plus près des bouts de matchs reconstitués.