Rencontre avec François Sarano, plongeur-océanographe, qui a travaillé au côté du commandant Cousteau sur la Calypso, conseiller scientifique d'Océans, et Jacques Cluzaud, coréalisateur du film et coauteur du livre (Seuil).
Dans l’immensité de l’océan, comment choisit-on ce que l’on va filmer ?
François Sarano : 40 000 espèces marines ont été décrites, mais des millions restent inconnues. Nous en avons filmé 200 et seules 80 apparaissent. Nous ne voulions pas faire un catalogue animalier mais montrer la richesse émotionnelle de cet univers sauvage. C’est à partir de ces émotions, et en travaillant avec le réseau international de scientifiques Census of Marine Life qui inventorie les océans, que nous sommes partis en quête des lieux et des espèces. Par exemple, nous voulions exprimer la puissance de l’océan. Il nous fallait donc une tempête exceptionnelle et nous l’avons attendue trois ans.
Autre exemple : nous voulions capter les ripailles primitives qui subsistent dans les sanctuaires marins. Nous sommes allés en Afrique du Sud, où se produit le phénomène dit du sardine run. En juin, des milliards de sardines se rassemblent au large du Cap pour se reproduire, provoquant un gigantesque rassemblement de prédateurs : dauphins, requins, baleines, oiseaux. Les dauphins fragmentent le banc de sardines qui évoluent à 30 ou 40 mètres de profondeur et remontent vers la surface les groupes qu'ils ont isolés. Les fous du Cap plongent alors telles des hallebardes pour les saisir.
Quels moyens techniques avez-vous utilisés pour tourner ?
F.S. : Jacques Perrin voulait rendre compte du vivant