Hugh Grant est un beau paradoxe du comédien. A quoi bon ? A rien - comme tout ce qui concerne l'espèce, certes ; à figurer, passer le temps, se ficher du monde. Si nonchalamment. Il aura essentiellement fait dans ce genre bullshit (à tels Mesure d'urgence près, avec Hackman en trafiquant d'organes).
Stratosphérique depuis le soap Quatre Mariages et un enterrement, résumant toute la vanité du parcours, impudent de facilité en fatuité, Grant ou le vieux garçon parfait - de Pour un garçon à Come Back, via l'atroce Bridget Jones.
Sa partenaire conjugale du jour est hideuse à proportion, autre Madonna travelo oxygénée, verrue au menton, voix de crécelle, cuisses en arceau, dents Fernandel ; et Grant ne vaut plus guère mieux. Dans ce Où sont passés les Morgan ? bouffi de décennies de flemme viveuse alcolo à putains, l'éternel jeune homme qui pinçait 12 unités cette année en refourguant une toile acquise ivre mort six fois moins en 2003, atteint soudain son point de Peter Pan…
Sosie hydropique de lui-même, ses yeux pris en graisse semblant n'en pas croire leurs yeux, Grant perdu au Wyoming sert vaguement son numéro usuel (accent Oxford à la coque, vannes raides à sec, wit vitreux ; tout cela qui faisait dire au grand Tim Roth un jour que Hugh est «le meilleur d'eux tous»), mais tout peine, à prendre, à dérider. Reste un McCartney-Dutronc soufflé entre gonflette et ébouriffeme