Que Jeanne Balibar nous en excuse, mais pas une seconde il ne nous a semblé que Ne change rien était un film sur elle. Elle n'en est pas non plus le prétexte. Non, elle en est la proie. Cela est d'autant plus surprenant quand on sait que l'actrice, ici filmée en studio et sur scène avec Rodolphe Burger, ou en répétition de la Perichole d'Offenbach, mais aussi sur les planches d'un théâtre, est en permanence à l'image. Elle devrait apparaître en toute logique en tant qu'entière obsession du film. Son cœur.
Défiguration. Mais voilà, le travail que Pedro Costa opère sur elle, sur son visage, sur son cou, sur sa bouche, ses sons, tient de la défiguration - au sens que donne à ce terme l'histoire de l'art. Quand Costa capture Balibar, c'est pour en redessiner les traits, les tirer vers quelque chose d'autre, une zone de violence insensée. C'est sa façon de déplacer la figure vers le fantastique, à un endroit où ce qui se joue à l'image n'a plus rien à voir avec le sujet.
Des répétitions ça ? Plutôt un film de vampires, avec cette fille qui hurle, hurle et hurle encore, le visage à moitié rongé par l'ombre, une ombre qui ne la protège plus de rien mais qui au contraire l'aspire, l'avale ; et cette lumière qui a tout perdu de son caractère caressant pour devenir coupante, dangereuse, une lumière qui expose l'actrice, lui ôte toute sécurité. Le cadre est serré, il n'y a aucune porte dérobée vers laquelle fuir : il n'y a que des angles d'attaque. On a