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Libération
Critique

La guerre à plein tank

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Lion d’or . «Lebanon» enferme le spectateur dans un char israélien pour l’invasion à huis clos du Liban, en 1982.
publié le 3 février 2010 à 0h00

Pour son premier film, l'Israélien Samuel Maoz (47 ans) revient sur un traumatisme autobiographique : sa participation, en juin 1982, à la première guerre d'Israël au Sud-Liban. Lebanon est donc un film de guerre, un film de genre, qu'on pourrait classer dans la sous-catégorie tout aussi classique du film de sous-marin. Sauf qu'ici le sous-marin est un char d'assaut et plus strictement son habitacle où coexistent quatre jeunes troufions de Tsahal : Yigal le conducteur, Shmulik le tireur, Hertzel le chargeur et Assi le commandant. Puanteur, promiscuité, crasse et surtout boucan. Au gré des coups de canon, des tirs de roquettes, des rafales de mitraillettes et des ratés du moteur, la bande-son est un fracas permanent, dont quatre-vingt-dix minutes plus tard on s'extrait moulu et essoré, comme au sortir d'une machine à laver.

Le parti pris du huis clos est une autre épreuve. Tout est filmé du point de vue incarcéré des quatre soldats israéliens. Dès lors, le viseur de la caméra est aussi celui du périscope, qui sert tout autant à scanner les alentours du tank qu'à ajuster le tir de son canon. Cette intimité est un point de vue physique et moral : la guerre fait du bruit, la guerre fait du mal. La question éthique est celle de la monstration de l'horreur. Les plans à distance (sinon distanciés) évoquent les scènes de torture du Salo de Pasolini, filmées à la jumelle.

phosphore. Sauf qu'ici les sévices ne relèvent pas d'un rituel sadien, mais d'un