En ouverture de la nouvelle Une affaire d'identité, Sherlock Holmes glose au coin du feu, auprès de son fidèle Watson : «La vie est infiniment plus étrange que tout ce que pourrait inventer l'esprit humain. Nous n'oserions pas concevoir les choses qui sont vraiment de simples lieux communs de l'existence.»«Hum !» fait Watson, qui a de la repartie. «Waou et banco !» a dû se dire le réalisateur Guy Ritchie, énième adaptateur au cinéma des aventures du célèbre détective à pipe.
Aux antipodes du style bricolo fauché qui fit le charme et la gloire des moult versions des années 50 à 60, Ritchie fait en effet grimper toutes les enchères, esthétiques autant que scénaristiques. La sidération, façon vitrine de Noël, tient pour beaucoup à la reconstitution du Londres de la fin du XIXe siècle : les bas-fonds sont vraiment bas, et lecharme cossu des intérieurs victoriens vraiment charmant. Entre tasse de thé et tord-boyaux, Londres old style comme si vous y étiez. Mais comme personne n'y était, il faut moins parler de réalisme historique que de fantasme d'antiquaire : «La déco ma chérie, la déco !»
C'est plus efficacement sur la libre interprétation du fonds Sherlock Holmes que le film souligne sa différence. Entre Luna Park sous LSD et Adèle Blanc-Sec chez les Babyloniens, l'option «tout gothique» (avec secte satanique et résurrection des morts) asperge le patrimoine d'un parfum fantasque qui cite quelques maîtres d'un genre littéraire contem