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Libération
Critique

Catalan à la détente

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Cynodrome . Dernier opus décevant pour Marc Recha.
publié le 10 février 2010 à 0h00

Marc Recha a peut-être été l'un des cinq cinéastes en lequel on pouvait croire dur comme fer au début de la décennie passée. Il y avait quelque chose chez ce Catalan (né en 1970) qui dépassait ses confrères en contemplation. Ni post-Straub ni enfermé dans un pittoresque gauchiste hispanique, on ne savait jamais où il allait, emmêlé dans l'inquiétude malade de ses histoires de fratrie déchirée, de frère absent (l'Arbre aux cerises,Pau et son frère). Puis un moment, son cinéma a comme fini de grandir. On le retrouve là, inattendu. Les premières images de C'est ici que je vis n'ont plus ce goût d'amande, cette carapace un peu sèche, on ne risque pas de se casser les dents dessus : c'est gentil, guilleret, humaniste.

Mal entamée encore, cette histoire de jeune gosse qui traîne de-ci de-là, barré dans d'improbables concours de chants d'oiseaux. Il faut attendre une heure en fait avant que Recha sorte de cette tentative de séduire à tout prix, et se retrouve tel qu'en lui-même : gracieux, étrange. Il se sauve en une séquence qui à elle seule tient presque de la leçon de cinéma. Le fils et le père, fauchés comme les blés, avec dans la poche une grosse somme d'argent mais destinée à payer leurs dettes, partent miser sur des courses de lévriers dans le cynodrome du quartier du Congrès à Barcelone. Recha les suit avec le même genre d'attention aux gestes et aux sons qu'à Bresson au début de Pickpocket.L'endroit devient au fur et à mesure plus fantoma